Qui de nous pourrait se vanter
De n'être point en servitude,
Si l'heure, le courage et l'étude
Ne nous en seraient exempté ?
Si chacun languit, dans la société abattue
Serf d'un système politique, qui l'importune
Et si même s'il n'en voit pas la vertu
Être esclave de ceux qui détiennent la fortune ?
L'un dont le pouvoir le rend sujet,
La démocratie, demeure sous la contrainte.
L'autre aux douleurs, l'autre à la crainte
Et l'autre en amoureux objet.
La démocratie est en captivité ;
Nous sommes tous des serfs de nature,
Les riches vivent dans leur volupté
Et nous dans notre sépulture.
Mais en ce temps de fiction,
Ou ses rancœurs qu’on déguise,
Temps où la servile feintise
Se fait nommer discrétion,
Chacun faisant le réserver,
Et de son plaisir son idole,
Tu t'es bien conservé
Nous, nous avons notre liberté de parole.